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Un nombre très restreint d’espèces ont été domestiquées avec succès. La domestication est un mécanisme complexe et progressif qui change le comportement et les caractéristiques anatomiques des animaux. 1.
Cette domestication a commencé,dans le territoire de l’actuelle Thaïlande, il y a plus de cinq mille, notamment avec des poules dont la population de 52 milliards d’individus dans le monde devance de loin celle des 2,6 milliards de canards, des 1,3 milliard de porcs et de très loin celle des 518 millions de moutons, des 398 millions de chèvres ou des 293 millions de vaches.
Les archéologues et les généticiens des animaux utilisent des moyens différents pour décrire l’histoire de la domestication, comme l’étude des changements morphologiques des dents, du crâne et des squelettes ; et l’établissement des courbes démographiques concernant l’âge et le sexe qui permettent d’identifier les schémas typiques de la domestication. Les particularités et les contraintes qui ont provoqué la domestication des animaux restent soumise au hasard et ont pu varier selon la régions et les espèce. Les origines de la domestication des animaux sont probablement liées à la tendance répandue des population de chasseurs-cueilleurs, vraisemblablement partagée par les premiers êtres humains, à apprivoiser ou à gérer les animaux sauvages.
C’est à la fin de la période inférieure du quaternaire qui correspond au paléolithique que le processus de domestication s’amorça réellement. Les modifications climatiques rendirent les prévisions plus aléatoires. Le climat devint plus chaud et ou plus saisonnier. Ces changements ont provoqué une expansion importantes des groupes humains. Suite à ces événements l’agriculture s’est développée et a modifié la distribution et la densité des espèces sauvages chassées pour l’alimentation. Dans ces circonstances on peut penser que la domestication ait eu pour but d’assurer une réserve de viande. Il est probable que les hommes ont pensé très vite à utiliser l’énergie animale, par exemple, pour labourer la terre (buffles ou bœufs) ou comme animaux de somme ( ânes, bovins, chameaux, chevaux, dromadaires ou lamas).
Parmi les cent cinquante espèces 2 non carnivores d’un poids moyen supérieur à quarante-cinq kilogrammes, seulement quinze ont été domestiquées. Treize espèces viennent de l’Europe et de l’Asie, et deux sont originaires de l’Amérique du Sud. Seuls les bovins, les moutons, les chèvres, les porcs, les chevaux et les ânes se sont répandus dans le monde entier, tandis que les dromadaires, les chameaux, les lamas, les alpagas, les rennes, les buffles domestiques, les yaks, les vaches de Bali et le gayal sont confinés dans des régions plus délimitées de la planète.
Chez les oiseaux seulement dix espèces : poules, canards domestiques, canards de Barbarie, oies domestiques, pintades, autruches, pigeons, cailles ont été domestiquées sur plus de dix mille.
La mutation, la sélection et l’adaptation ont formé la diversité des populations d’animaux d’élevage. Le processus de domestication a abouti à plusieurs changements dont certains sont probablement encore en cours. Les changements morphologiques ont été particulièrement importants. Les animaux domestiques sont plus petits que leurs ancêtres sauvages (seule exception, la poule). Les animaux plus petits sont plus faciles à gérer et à manipuler, ils peuvent atteindre la puberté plus tôt et les grands troupeaux plus faciles à élever. La conformation physique des animaux domestiques peut également être différente de celle des ancêtres sauvages – s’adaptant, par exemple, pour satisfaire la demande en produits à base de viande.
Un exemple extrême de la sélection de la masse musculaire est l’hypertrophie musculaire observée chez certaines races de bovins américains. Les porcs, les zébus, les poules sont des exemples impressionnants de la sélection liée à l’accumulation de gras. Les couleurs du pelage ont été aussi influencées par la sélection culturelle. Les éleveurs des pays développés préfèrent souvent l’uniformité dans la couleur de la robe mais, en Asie du Sud-Est, la diversité des couleurs est préférée pour des raisons cérémoniales ou simplement pour faciliter l’identification des animaux.
Principales espèces domestiquées
Espèces domestiques | Ancêtres sauvages | Nom scientifique | Apparition | Localisation |
Bovins | Aurochs disparus | |||
Bos taurus taurus | 8 000 | Proche et Moyen-Orient (Asie de l’Ouest) | ||
B. p. opisthonomous | 9 500 | Afrique du Nord-Est | ||
Bos taurus indicus, B. p. nomadicus | 7 000 | Inde du nord | ||
Yaks | Yak sauvage | Poephagus grunniens P. mutus | 4 500 | Qinghai – Plateau tibétain |
Chèvres Bézoard | Chèvre à bézoard3« | Capra ferus Capra aegragus (3 sous-espèces) | 10 000 | Proche et Moyen-Orient, Inde du nord |
Moutons | Mouflon asiatique | Ovis aries Ovis orientalis | 8 500 | Proche et Moyen-Orient/Turquie (Anatolie centrale) |
Buffles domestiques | Buffle sauvage d’Asie | B. bubalus bubalis des rivières | 5 000 | Iran, Iraq, Inde du nord |
B. bubalus carabensis des marais | 4 000 | Asie du Sud-Est, Chine | ||
Porcs | Sanglier | Sus scrofa domesticus Sus scrofa,16 sous-espèces | 9 000 | 9Europe, Proche et Moyen-Orient, Chine, Inde, Asie du Sud-Est |
Chevaux | Disparu | Equus caballus 17 multiples | 6 500 | Steppe d’Eurasie |
Ânes | Âne sauvage africain | Equus asinus Equus africanus | 6 000 | Afrique du Nord-Est |
Âne sauvage de Nubie, | E. a. africanus | 6 000 | Afrique du Nord-Est | |
Âne sauvage de Somalie | E. a. somali | 6 000 | Afrique du Nord-Est | |
Lamas | Lama glama | 2 sous-espèces | 6 500 | Andes |
L. guanicoe guanicoe | 6 500 | Andes | ||
L. guanicoe cacsiliensis | 6 500 | Andes | ||
Alpagas | Vicugna pacos | 2 sous-espèces | 6 500 | Andes |
V. vicugna vicugna | 6 500 | Andes | ||
V. vicugna mensalis | 6 500 | Andes | ||
Chameaux bactriens | Disparu | Camelus bactrianus C. b. ferus | 4 500 | Iran oriental |
Dromadaires | Disparus | Camelus dromedarius | 5 000 | Péninsule arabe méridionale |
Poules domestiques | Poule rousse de jungle | Gallus domesticus Gallus gallus (4 sous-espèces | 5 000 | Inde |
G. g. spadiceus, G. g. jabouillei | 5 000 | Chine – Asie du Sud-Est | ||
G. g. murghi, G. g. gallus | 5 000 |
Pour la Thaïlande il convient d’ajouter
– l’éléphant d’Asie 4, domestiqué à partir de 2500 à 2000 av. J.-C. dans la vallée de l’Indus ;
– différentes espèces de singes dressées pour la cueillettes de la noix de coco ;
– le nok parot
– นกปรอท – [?Bulbul] (parfois appelé condé ou grive bruyante) – Pycnonotus jocosus dont le chant ravit les Thaïlandais.
– le buffle domestique ( buffle d’Asie, buffle d’eau, kérabau ou karbau) – Bubalus bubalis , qui était omniprésent dans les campagnes thaïlandaises est en voie de disparition.
L’origine des buffles (bubalus carabensis des marais), des porcs domestiques (Sus scrofa domesticus) se trouve en Asie du Sud-Est.
– la poule. Les poules du monde entier partagent un ancêtre qui a été domestiqué quelque part en Thaïlande, il y a longtemps (plus de 5 000 ans) 5.
– les chats méritent une mention spéciale et font l’objet de superstitions variées. (Lire nos articles 480, 481, 482, 483, 484)
La domestication peut être définie comme l’appropriation et le contrôle par une société humaine d’une sous-population animale (ou végétale) pour la production d’un service ou d’une marchandise. Elle implique un processus évolutif documentant deux aspects de l’évolution : la [?spéciation] et l’adaptation. Dans un tel processus, ces deux mécanismes biologiques consistent d’une part en une rupture relative du flux génétique entre la population originale et la population domestiquée et, d’autre part, en une modification des pressions de sélection.
Les animaux domestiqués sont donc des espèces élevées en captivité et transformées par rapport à leurs ancêtres sauvages pour les rendre plus utiles aux hommes. Leur reproduction et la sélection sont contrôlées grâce aux soins prodigués : abri, protection contre les prédateurs ; nourriture… et leur approvisionnement alimentaire.
La domestication comprend les étapes suivantes :
– association initiale par la sélection naturelle ;
– [?stabulation] (séjour, mode d’entretien du bétail en local fermé) ;
– stabulation avec reproduction en captivité ;
– reproduction sélective.
Les premières traces archéologiques d’éléphants en captivité proviennent de sceaux sculptés retrouvés dans la vallée de l’Indus, et datant de la culture Harappan, il y a environ 4 500 ans. Il est généralement considéré que l’art et la science de l’élevage des éléphants se sont diffusés en Asie à partir d’un centre situé dans le nord-ouest de l’Inde. le Gajaśāstra (traité sur les éléphants, en sanskrit) écrit par le sage Pālakāpya (VIe – Ve siècle av. J.-C), est considéré comme le texte fondateur de la science et du savoir sur les éléphants. Cette région a été le centre d’une large diffusion culturelle, rayonnant à travers tout le sous continent, avec la montée de cultures aristocratiques liées à l’élevage de l’éléphant, mais ce centre n’était pas nécessairement la source de la première domestication.
La situation atypique de l’éléphant, utilisé par les humains depuis des millénaires, qui a participé à la construction sociale, culturelle, économique et politique des nations, mais dont la reproduction n’a jamais été contrôlée, questionne quant à son statut dans le cadre des processus de domestication décrits ici. Les modes d’élevages, et donc le niveau de contrôle et de domination exercé, sont également très variables entre les éléphants gardés dans des zoos ou des temples et ceux élevés en forêt et relâchés par intermittence.
Les débats sur le(s) statut(s) des éléphants transparaissent dans la difficulté à adopter une terminologie consensuelle les désignant. De nombreux termes sont utilisés tels que : éléphant apprivoisé/dressé, éléphant de travail, éléphant de débardage, éléphant domestique, éléphant domestiqué et, le terme dernièrement mis à la mode, éléphant captif. En thaï, les éléphants domestiques sont littéralement appelés “éléphants de village”, chang ban – ช้างบ้าน où chang signifie éléphant et ban village ou maison, rappelons-nous que « domestique » dérive étymologiquement de domus – la maison en latin.
Quel que soit le statut actuel de l’éléphant, l’intensification de la domination de l’humain sur les éléphants captifs et le relâchement du lien avec le sauvage que l’on observe en Thaïlande ne s’apparentent-ils pas à un processus, certes récent, de domestication de l’espèce ?
Quelles conséquences ce processus peut-il induire sur la diversité génétique, la démographie, l’exploitation économique de l’éléphant et les savoirs locaux ?